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devant. Puis, cueillant derechef Moutti sur son perchoir, il l’assit entre ses deux oreilles et le ramena tout d’une traite à sa famille, sans oublier d’emporter le bâgh, encore chaud.

Il va sans dire qu’une semblable prouesse fit de Sandiassamy l’égal d’un dieu. Sa taille, sa force, la merveilleuse réputation qu’il acquit décidèrent Sh… Lal… à l’acheter. Le baboo n’osa déplaire au prince, et céda l’animal à de très douces conditions.

L’éléphant ne dit rien, se réservant sans doute de manifester son mécontentement à point nommé. J’ai dit plus haut quelle superbe indifférence il montra à l’occasion de sa joute. Il ne tenait point, paraît-il, à la réputation de gladiateur ; il le fit voir.

Le prince comprit-il la leçon ? Je l’ignore. Mais j’ai appris par la suite que Sandiassamy avait réintégré les pénates de ses premiers maîtres et amis.

J. du F.
(La fin au prochain numéro)