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plongé dans une dense obscurité, et il fallut recourir aux torches.

Or à peine celles-ci étaient-elles allumées qu’un cri spécial, une voix âpre et rauque, cette voix dont j’ai parlé plus haut se fit entendre à dix mètres environ, en avant sur la route. Le cri venait des fourrés, et il était patent qu’un tigre se trouvait là. Pétrifiés par la terreur, les coolies s’étaient arrêtés. Au reste, avancer ou reculer était chose indifférente en la circonstance, car la distance n’était pas suffisante pour permettre la fuite. Il était évident que le félin avait aperçu l’escorte. Tout le monde s’attendait donc à ce qu’il surgît du milieu des herbes et attaquât le convoi. À tout hasard, Steadman, un pistolet à la main, vint se placer au-devant de ses hommes pour faire tête au monstre.

Un temps inappréciable s’écoula. L’attaque prévue n’eut pas lieu. Le feulement retentit encore à la même distance et sur le même point. Les voyageurs avaient eu le temps de revenir de leur surprise. Préparés à tout événement, ils s’accordèrent encore quelques minutes de réflexion. La nuit était si sombre que l’on ne voyait rien. Mais ce qui était