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ment elle était fort épaisse et possédait une renommée détestable. Les Hindous ne s’y engagèrent qu’en tremblant. Tout ce qu’ils purent obtenir du colonel, ce fut qu’on attendrait une heure avancée de la nuit avant d’y pénétrer plus profondément.

Vers une heure du matin, après les angoisses d’un premier séjour au milieu des fourrés et lorsque l’on jugea que le danger était moins imminent, la période de chasse du bâgh étant terminée (le tigre en effet ne rôde guère que de la chute du jour à minuit, et parfois dans les premiers moments de la chaleur), toute la troupe reprit sa marche. À mesure que l’on s’enfonçait, des signes non équivoques de la présence des fauves attestaient que l’on côtoyait leurs repaires. C’étaient les grandes herbes écrasées par le piétinement des éléphants et des rhinocéros, des touffes de poils laissées aux ronces, comme il arrive toujours à l’époque de la mue et des amours, des carcasses entières d’antilopes et d’axis, auxquelles les cornes adhéraient encore. Ça et là dans l’éloignement, montaient des brâme-