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Or, en la circonstance, le voyage de nos amis fut prolongé par une aggravation de la maladie. La chaleur devint insupportable à mistress Steadman. Il fallut attendre la nuit et par surcroît de précautions prendre par le plus long, afin de s’abriter autant qu’il serait possible sous l’ombre des bois. Ceci exigea, naturellement, des modifications dans le service, des changements de postes et de stations qui ne furent pas sans amener de longs retards. Très pressé d’en finir afin d’apporter au plus tôt quelque soulagement à sa compagne, le colonel donna l’ordre de passer n’importe où, malgré les craintes des natifs et parfois malgré leur résistance, car certaines lignes de l’itinéraire traversaient des régions dangereuses hantées par les tigres et les serpents.

Mais Steadman payait bien et, de plus, son implacable énergie faisait naître la confiance dans les âmes pusillanimes.

Il y avait trois jours que l’on avait quitté Cawnpore lorsque, après avoir traversé la Kalmee sur un pont rustique ou plutôt sur les larges pierres plates qui pavaient son lit très desséché en ce moment, on se trouva à la lisière de la forêt d’Alligunge. J’ai appris que depuis la guerre de 1857 cette jungle a complètement disparu. En ce mo-