II
e même Steadman fut, une nuit, le héros
d’une aventure assez singulière, et qui semblerait
établir que la générosité, ou tout au
moins l’indifférence, n’est pas le propre du seul lion.
Il était venu, en compagnie de mistress Steadman, passer quelques jours dans ma propriété de Nudjuffghur. Ce séjour dut être abrégé par suite d’une indisposition subite de Mme Steadman, qui demanda, naturellement, à regagner son domicile à Cawnpore. Je les escortai moi-même aussi loin que je pus. Les médecins de Cawnpore enjoignirent au colonel de transporter la malade sur-le-champ dans l’une des stations sanitaires, dans le voisinage de Meerut. Le pauvre officier ne se le fit pas dire deux fois. Sans autre escorte que dix cipayes accompagnant eux-mêmes les porteurs du palanquin au fond duquel gémissait la pauvre femme, il prit immédiatement et par le plus court, la route de Bareilly.
Or, on n’avait pas eu le temps de calculer les distances.