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CORRESPONDANCE
LETTRE IV
du duc de choiseul à madame du deffand.
mai 1761.

Oui, je vous verrai aussitôt que j’irai à Paris j’y serai le 15, et le 16 à vos pieds pour vous remercier d’une amitié qui m’est bien chère et dont je sens le prix et l’agrément ; mais, soyez-en persuadée, malgré tous les présidents du monde#1, nous finirons notre vie ensemble et nous rirons aux dépens de l’envie et des envieux.


LETTRE V
de madame du deffand au duc de choiseul
De Saint-Joseph, ce samedi 11 mai 1761.

Un neveu, un guidon, une réforme, des promesses positives qu’il n’arriverait point de mal qui ne fût bien réparé, ma folle passion pour vous, votre bienveillance pour moi, me font vous dire « In te, Domine, speravi, non confundar in æternum. »

La grand’maman vous dira le reste : elle voulut bien passer hier la soirée avec son enfant ; nous bûmes à son « qui tu sais ; » elle fut de la meilleure humeur du monde ; les deux maréchales en furent charmées. J’espère qu’elle vous parlera de moi. Vous devriez rougir de ce que je n’entends jamais parler de vous. Ne pas m’aimer est de la dernière ingratitude, moi qui vous aime comme une religieuse, qui m’affecte de tout ce qui vous regarde, plus que vous ne vous en affectez vous-même, moi qui veux avoir un petit château à Chanteloup ;[1][2]

  1. Le président Hénault.
  2. De Luxembourg et de Mirepoix.