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THÉOPHILE GAUTIER.

sée, et où resplendissaient les œuvres de l’art et de l’industrie, devait adresser au ministre compétent un rapport faisant connaître les progrès accomplis depuis un nombre d’années déterminé. On estima qu’il était équitable de ne point tenir les belles-lettres hors de toute manifestation attestant leur vitalité, et Théophile Gautier fut chargé par le Ministre de l’instruction publique de rédiger un mémoire sur la poésie en France depuis 1848[1].

En deux mots, le gouvernement voulait avoir un rapport sur la poésie française depuis l’élection du prince Louis-Napoléon Bonaparte à la première magistrature de la république. On n’eût pas été fâché de pouvoir démontrer que les lettres françaises s’étaient glorieusement développées sous la présidence de Louis Bonaparte et pendant les quinze premières années du règne de Napoléon III. Si tel fut l’espoir des maîtres du jour, cet espoir fut déçu ; car Théophile Gautier, tout en usant de sa bienveillance habituelle, fut très loyal et très net. Il ne transigea ni avec ses convictions littéraires, ni contre les renommées acquises, ni au profit de ses propres intérêts. Peut-être n’était-ce pas sans péril pour lui. Il avait en quelque sorte une situation de critique patenté au Journal officiel ; cette situation pouvait lui être enlevée

  1. Ce mémoire est intitulé : les Progrès de la poésie française depuis 1830, mais il ne détermine que le rôle joué par la poésie dans la littérature française depuis la révolution de 1848. Il contient cent six pages d’impression, qui ont été jointes à l’Histoire du romantisme, 1 vol.  in-16. Charpentier, Paris, 1854.