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LE CRITIQUE.

vieux poètes français… et sera composée de douze articles…. M. Charles Malo s’engage à lui payer ces douze articles, à mesure que M. Gautier les lui livrera, sur le pied de cinquante francs l’article ». Ces douze articles réunis en deux volumes in-8o, formant ensemble six cent soixante dix-sept pages, furent publiés en 1844 sous le titre : les Grotesques. On voit qu’en ce temps d’art et de renouveau la littérature était peu rémunératrice, ainsi que disent les économistes. Onze de ces articles parurent successivement dans la France littéraire au cours des années 1834 et 1835 ; le douzième et dernier — Paul Scarron — fut inséré dans la Revue des Deux Mondes du 15 juillet 1844[1]. Les Grotesques représentent le début de Théophile Gautier dans la critique sérieuse, et à ce titre ils ont une importance qu’il convient de ne pas dédaigner. J’ai dit : critique sérieuse, et je ne m’en dédis pas, car sérieux ne signifie pas ennuyeux ; le savoir n’implique pas le pédantisme ; on peut être ingénieux avec humour et grave avec originalité. Je tiens ce livre pour excellent ; je viens de le relire, pour la dixième fois peut-être, avec autant de plaisir et d’intérêt que si je ne le connaissais pas.

À moins qu’il ne cherche à dissimuler une ironie, le titre en est déplaisant ; on ne le comprend guère ; il ne répond pas à l’ouvrage qu’il indique. Il se ressent trop des opinions littéraires que les

  1. Spoelberch de Lovenjoul, loc. cit., numéros 93 à 711.