est tombé prématurément, harassé de fatigue, repu de déceptions, pauvre à la fin comme au début. Il ne se doutait guère de l’ingrat destin qui l’attendait ; nulle espérance alors ne lui était interdite. Que de fois, me parlant de ce temps passé, sur lequel j’aimais à l’interroger, que de fois il m’a cité le vers :
« J’étais géant alors et haut de cent coudées, »
et il ajoutait, avec une mélancolie qui dénonçait bien des rêves avortés : « Tout ce que je puis dire aujourd’hui, c’est que petit bonhomme vit encore. » Après la soirée du 25 février 1830, comprenant que l’on ne peut servir deux divinités à la fois, il quitta l’atelier de Rioult et prit la plume du poète à la place de la brosse du peintre. Il avait alors dix-neuf ans, s’inquiétait peu du qu’en dira-ton, et rimait, car il avait à cœur de prendre rang dans l’armée romantique et d’être un des porte-fanions du général en chef. La malechance lui donna un premier avertissement qui passa inaperçu. Son volume, — une plaquette brochée en rose et intitulée Poésies, — fut mis en vente le 28 juillet 1830. Cela signifiait : toute révolution te portera préjudice. Il eut à le constater plus tard, en 1848 et en 1870.
Comme les Capétiens, comme les Valois, les Bourbons voyaient leur dynastie s’éteindre sur le trône, par le règne successif de trois frères. La défaite de la France les avaient apportés, la révolution de Juillet les emporta ; la branche aînée est à jamais desséchée,