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LA JEUNESSE.

avec une mansuétude dont j’ai souvent été touché, car, sans être exigeant, il était en droit d’estimer qu’il valait mieux que l’existence qui lui fut infligée.

Il était né à Tarbes le 31 août 1811 ; c’est lui qui le dit et l’on peut le croire[1] ; cependant une pièce officielle que j’ai sous les yeux le vieillit d’un jour ; sur le bulletin d’appel à la conscription de la classe militaire de 1832, il est désigné : « Pierre-Jules-Théophile Gautier, né à Tarbes, le 30 août 1811, peintre, demeurant à Paris, place Royale, no 8 ». C’est le hasard d’une position administrative occupée par son père qui le fit naître sur les bords de l’Adour, dans la patrie de ce Barère qui, après avoir été « l’Anacréon de la guillotine », devint un des correspondants secrets de Napoléon Ier. Il n’y vécut que pendant trois ans et vers 1814 on l’amena à Paris, où il fut saisi par des accès de nostalgie dont il a consigné le souvenir dans des notes autobiographiques qui me servent de guide pour parler de son enfance[2].

« Quoique j’aie passé, dit-il, toute une vie à Paris, j’ai gardé un fonds méridional. » Rien n’est plus vrai. Né aux pieds des Pyrénées, en frontière d’Espagne, issu d’une famille originaire du comtat Venaissin, fils et petit-fils de sujets du Pape « en Avignon », il eut toujours quelque chose d’exotique.

  1. Le 13 août 1890, on a inauguré à Tarbes le busle de Théophile Gautier.
  2. Cette autobiographie a été écrite en 1867 et forme une livraison des Sommités contemporaines publication entreprise par M. Auguste Marc.