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THÉOPHILE GAUTIER.

bien. J’en ai fait un le dimanche que notre mère est morte, et il a servi à la faire enterrer[1]. »

Cette lettre équivaut à une confession. En peu de lignes elle explique une existence : les sacrifices acceptés, le labeur forcé, l’œuvre accomplie pour ne point faillir à des devoirs dont on n’aperçoit ici qu’une part infime, la tendresse, le dévouement que ne peuvent entraver ni l’amertume de la vie, ni le dégoût du travail imposé, la détresse morale dont triomphe un infatigable esprit ; l’aveu est complet et doit être retenu. Ceux qui sauront lire cette lamentation, en soulevant les mots, pour pénétrer plus avant dans le cœur de l’homme, connaîtront Gautier tel qu’il fut et répéteront la parole que, dans ses jours de mélancolie, il a si souvent laissé tomber sur lui-même : « Pauvre Théo ! »

  1. La mère de Théophile Gautier est décédée le dimanche 26 mars 1848.