Page:Du Camp - Théophile Gautier, 1907.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
THÉOPHILE GAUTIER.

qu’il n’en avait pas. Ces problèmes, insondables pour la plupart et que l’on n’essaye généralement de résoudre que par des hypothèses, ne l’effrayaient pas, mais ne l’attiraient guère : il aimait la quiétude de son esprit et eût craint de la compromettre en la troublant par un examen qui ne peut jamais aboutir qu’à une certitude relative. Le nom de Dieu se retrouve souvent dans ses vers, surtout dans ceux du début. Quel Dieu ? Il ne lui eût sans doute pas été facile de le désigner d’une façon précise ; en tous cas, c’est le Dieu qui aime, qui pardonne, qui comprend et qui n’en veut pas à l’homme d’user des facultés dont il l’a doué. Cette conception simple et consolante devait plaire à Gautier ; car si Dieu a créé l’homme à son image, il faut reconnaître que l’homme le lui a bien rendu. Il paraît n’avoir été animé que d’une religiosité vague penchant vers le panthéisme, sans rien de nettement défini ni de correctement orthodoxe.

Ce n’était point un sceptique, ce n’était pas un croyant ; c’était, en quelque sorte, un timoré. Comme ceux qui ont beaucoup, pour ne dire uniquement, vécu par l’imagination, il n’était point réfractaire au surnaturel et les enfers variés que les religions nous promettent ne le rassuraient pas ; tout en souriant, il disait : « C’est peut-être vrai. » Voyait-il, a-t-il vu des clartés au delà du tombeau ? je ne sais. La mort lui semblait froide, laide et noire ; il n’aimait pas à y penser. Il était respectueux, jamais il n’a raillé la foi d’autrui et il a