il n’a jamais tenté de l’imposer à personne. La forme n’est pas « une », heureusement ; elle est multiple et elle doit l’être sous peine de tomber dans un insurmontable ennui. La forme correspond aux idées, s’y adapte et les fait valoir. Chacun a la sienne qui se manifeste vaille que vaille ; en telle matière, imitation est synonyme de stérilité. La prose de Bossuet ne ressemble point à celle de Voltaire qui ne ressemble point à celle de Pascal qui ne ressemble point à celle de Montesquieu. Ce sont là quatre formes différentes, et ce sont quatre formes admirables. L’une est-elle supérieure à l’autre ? on en peut douter ; affaire de goût pour le lecteur, qui est toujours libre déjuger par prédilection.
Une parole a été prononcée dont Gautier se serait engoué. Cela est bien possible, car le romantique de 1830, le membre du Cénacle, n’était point pour se déplaire aux paradoxes ; mais qu’il ait accepté cette parole comme une maxime d’art, propre à servir de devise et de mot de ralliement à une école littéraire, je ne le pense pas. Malgré l’ironie que cachait sa douceur, malgré une certaine naïveté que l’expérience de la vie n’avait pu complètement détruire et qui souvent lui faisait adopter, pour un moment, des formules dont l’étrangeté l’avait séduit ; malgré sa bonhomie qui le rangeait volontiers à l’avis de ses interlocuteurs, il possédait un bon sens imperturbable que ses curiosités d’artiste, que les discussions esthétiques auxquelles il avait été mêlé, que sa propre fan-