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LE POÈTE.

Comédie de la mort, et dont les plus jeunes datent de 1838, il n’est pas difficile d’apercevoir l’artiste qui peindra les Émaux et sculptera les Camées. Certaines petites pièces, exquises de facture et de couleur, semblent les sœurs de celles qui naîtront dix ans plus tard et seront, pour ainsi dire, les filles préférées, les consolatrices du poète attristé. Le rythme est différent, mais le sentiment est le même, et c’est bien le futur auteur de Coquetterie posthume, qui a écrit :

Celle que j’aime à présent, est en Chine ;
Elle demeure, avec ses vieux parents,
Dans une tour de porcelaine fine.
Au fleuve jaune où sont les cormorans.

Et bien d’autres que l’on pourrait citer et que le lecteur a déjà nommées : la Caravane, la Chimère, le Sphinx et Pastel, que l’on ne peut se lasser de répéter.

Dans ce volume, les vers octosyllabiques sont rares, et cependant ce sera la forme définitive adoptée par Théophile Gautier. Déjà dans son étude sur Scarron il s’y attache ; il la loue et la préconise. « Le vers de huit syllabes à rimes plates, dit-il, offre des facilités dont il est malaisé de n’abuser point. Entre les mains d’un versificateur médiocre, il devient bientôt plus lâche et plus rampant que la prose négligée, et n’offre, pour compensation à l’oreille, qu’une rime fatigante par son rapprochement. Bien manié, ce vers, qui est celui des romances et des comédies espagnoles, pourrait produire des effets neufs et variés ;… il nous paraît plus propre que l’alexandrin, pompeux et redondant ;… il nous épar-