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CHAPITRE V

LE POÈTE

Dans la lettre dont j’ai déjà cité un fragment, Théophile Gautier écrivait à Sainte-Beuve : « Si j’avais eu la moindre fortune personnelle, je me serais livré uniquement à l’amour du vert laurier ; » et il se plaint d’être tombé dans la prose ; on a pu voir que la chute n’avait point été mortelle, car il excellait aux deux formes littéraires par où les penseurs et les rêveurs communiquent avec les foules. Ce regret de ne pouvoir être exclusivement poète a hanté sa vie ; déjà en 1841 il avait écrit sur un album :

Ô poètes divins ! je ne suis plus des vôtres
On m’a fait une niche où je veille, tapi
Dans le bas d’un journal, comme un dogue accroupi.

En réalité, tout ce qui, au cours de son existence, l’a détourné de la poésie, à laquelle il revenait sans cesse avec passion, lui a paru un attentat dirigé non