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CHAPITRE IV

LE CONTEUR

Ce n’est ni contre l’art, ni contre la poésie, ni contre le théâtre de la Grèce que le romantisme s’était dressé ; c’était contre l’imitation maladroite des chefs-d’œuvre, c’était contre une littérature anémique, contre une architecture décadente, qui, sous prétexte de respect pour la tradition, se répétaient sans cesse, reproduisaient des formes dont elles avaient perdu le secret et semblaient retombées en enfance : ce n’est pas le marbre que l’on repoussait, c’était le carton-pierre. Il était temps que la rénovation se fît, car on arrivait au dernier degré de la sénilité. En opposition aux frontons et aux coupoles on tomba dans l’excès du gothique, on proclama la supériorité de l’arcade sur l’architrave, on se pâma d’aise devant les cathédrales et on tenta une résurrection du moyen âge qui, dans bien des cas, ne fut qu’une mascarade. Des esprits sérieux furent séduits : Michelet lui-même s’y laissa prendre et