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THÉOPHILE GAUTIER.

templer cette merveille à toute heure du jour ! » J’étais mal tombé. Daveluy leva les bras avec emportement et s’écria : « Fermez les persiennes, tirez les rideaux, ce spectacle me fait mal ; le Parthénon est fastidieux, je ne veux plus que l’on m’en parle ; cette Grèce m’est une terre d’exil et d’épreuve ; on voit bien que vous n’êtes pas forcé d’y vivre ! » Et s’attendrissant, les larmes aux yeux, il continua : « Ah ! le jardin du Luxembourg, la cour de la Sorbonne, de ma vieille Sorbonne, la rue Saint-Jacques ! Plusieurs fois il répéta d’une voix émue : « La rue Saint-Jacques ; la rue Saint-Jacques ! » Il laissa tomber sa tête entre ses mains et resta silencieux. Le pauvre homme regrettait son pays, et ne se souciait guère d’Ictinus, de Callicrate et de Phidias. Il était encore, bien malgré lui, à Athènes, lorsque Théophile Gautier y passa ; s’ils se sont rencontrés, leur conversation a dû être intéressante.

L’opinion de Gautier, d’un membre du cénacle, du chevalier des grandes batailles livrées au classique, peut paraître étrange ; elle ne l’est pas cependant et elle n’a surpris aucun de ceux qui ont vécu dans son intimité. Comme la jeunesse de son époque, comme les rêveurs et les artistes se sentant « quelque chose là », il avait été séduit, entraîné par le mouvement romantique, que l’on prit pour une révolte et qui était — heureusement — une révolution d’où naquit un nouvel ordre de choses littéraires. Il eut des exagérations, des « flamboiements », des enthou-