timité comptaient bien n’avoir la République que de nom et exercer le pouvoir sous une étiquette qu’ils étaient forcés de subir, mais qu’ils étaient résolus à ne point respecter : l’événement devait démentir leurs espérances et déjouer leurs combinaisons.
Cependant la France ne pouvait rester indéfiniment dans l’état indécis, sinon provisoire, où elle flottait depuis le 4 septembre 1870. Le maréchal Mac-Mahon le comprit et lorsque, le 6 novembre 1873, l’Assemblée se réunit, après ses déceptions monarchiques, il lui adressa un message pour lui demander de déterminer la durée des pouvoirs qu’il avait mission d’exercer en qualité de président de la République. Une loi votée le 19 novembre lui conféra le pouvoir exécutif pour sept ans ; c’est ce que l’on a nommé le septennat.
On a prétendu et raconté avec force détails qu’en refusant d’accepter le drapeau tricolore le comte de Chambord n’avait fait qu’user de subterfuge ; qu’en réalité il ne voulait de la couronne à aucun prix et qu’il avait saisi ce prétexte pour se soustraire à une tâche, à des honneurs qu’il répudiait avec énergie. Poussé par sa femme, à laquelle la seule pensée de monter sur le trône de France causait une insurmontable épouvante, qui, dans l’histoire moderne de la maison de Bourbon, ne se rappelait que les infortunes et les supplices, qui, si elle fût entrée à Paris, aurait cru pénétrer dans une caverne d’assassins, sans cesse endoctriné par cette compagne médiocre, stérile et fidèle, il était, dit-on, quoi que l’on fît et quoi qu’on lui proposât, résolu à repousser toutes les offres où il pourrait trouver la fin de l’existence abondante et tranquille dont il avait pris l’habitude. On ajoutait que les massacres et les incendies de la Commune avaient fortifié en lui la volonté de renoncer à l’exercice des droits qui, selon ses partisans, remontaient à Hugues Capet. Ceci ne faisait doute pour personne, et il n’est commère politique qui n’en fût certaine. Je crois qu’il convient d’en rabattre et que la déception fut intense pour le comte de Chambord.
On dit que son vote sur l’amendement Wallon décida du sort de la République. Il avait, en effet, décidé de s’abstenir ; mais, lorsqu’il apprit qu’un pointage était devenu nécessaire, il n’hésita plus, vota « pour », et l’amendement fut adopté à « une » voix de majorité. Il se fit inscrire ensuite au groupe Lavergne. La gauche, reconnaissante, l’inscrivit sur sa liste des candidats aux sièges inamovibles, et il fut élu le quarante-troisième. (Le Figaro, 25 octobre 1889.)