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CHAPITRE III

LES MENÉES MONARCHISTES



LES COMPÉTITIONS. — ÉLECTION BARODET. — ILLUSIONS DE THIERS. — SA CHUTE. — AVÈNEMENT DU MARÉCHAL MAC-MAHON. — ON VEUT ENTERRER LA RÉPUBLIQUE. — OPINION DE L’EMPEREUR D’ALLEMAGNE SUR LA RESTAURATION. — LA VOITURE POUR L’ENTRÉE À PARIS. — LE COSTUME. — LE DRAPEAU BLANC SEUL DRAPEAU DE LA FRANCE. — PRÉTENTIONS INTOLÉRABLES. — TOUT EST ROMPU. — LA RÉPUBLIQUE VOTÉE À UNE VOIX DE MAJORITÉ. — LE SEPTENNAT. — LÉGENDE ET VÉRITÉ. — DÉCONVENUE DU COMTE DE CHAMBORD. — LE DUC DE MAGENTA PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE. — DROITURE ET CORRECTION. — LES INJURES DE SES ADVERSAIRES. — L’ATTITUDE DU MARÉCHAL MET FIN AUX VELLÉITÉS DE BISMARCK. — LA MARÉCHALE. — CONSEILS DIVERGENTS. — LE 16 MAI. — DISSOLUTION DE L’ASSEMBLÉE. — DÉROUTE DE LA COALITION MONARCHISTE. — LE MARÉCHAL DONNE SA DÉMISSION. — MORT DE THIERS. — GRÉVY ET GAMBETTA. — LE BOUT DE L’AN DE THIERS.



L’ANNÉE 1873 débutait mal pour les prétendants ; elle venait de voir disparaître le plus sérieux, le seul qui fût capable de risquer sa vie pour ressaisir le sceptre ; les républicains doctrinaires, ceux qui tiennent plus à la forme qu’au fond des choses, poussèrent un soupir de soulagement ; les légitimistes virent dans cet événement la main même de la Providence, qui posait la couronne de France sur la tête du comte de Chambord ; les orléanistes, d’autant plus patients qu’ils n’avaient point l’énergie d’agir, se persuadaient que la nation viendrait forcément à eux et s’empressaient à faire la fusion, c’est-à-dire un replâtrage qui n’enlève rien à l’acuité des haines, mais qui en émousse les angles extérieurs. Thiers guignait le palais de l’Élysée et s’attendait à être élu président à vie de la République, par l’Assemblée nationale reconnaissante. Ses études historiques lui avaient-elles donc laissé ignorer que les peuples sont plus ingrats encore que les souverains ? L’ironie du