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CHAPITRE II

LE COMPLOT BONAPARTISTE



LE LUMBAGO DE L’EMPEREUR D’ALLEMAGNE. — RENTRÉE À BERLIN. — LA COMMUNE. — DIVERGENCE DES OPINIONS. — LES ÉTRANGERS À PARIS. — INCOHÉRENCE. — Divide et impera. — LE LIBÉRATEUR DU TERRITOIRE. — ÉPISODE DES NÉGOCIATIONS DE FRANCFORT. — LES MONARCHISTES. — ARRIVÉE DE NAPOLÉON III EN ANGLETERRE. — ENTREVUE AVEC LORD MALMESBURY. — CONFIANCE. — FATALISME. — LETTRE INTÉRESSANTE. — NAPOLÉON III PRÉPARE SON RETOUR. — COLLABORATION DU GÉNÉRAL FLEURY. — APPROBATION DE BISMARCK. — LE COMTE CHOUVALOFF À VARZIN. — SECONDE VISITE DU COMTE CHOUVALOFF. — REFUS DE BISMARCK. — PROJET ET PLAN ARRÊTÉS. — LE GÉNÉRAL BOURBAKI. — LES PARTISANS DE L’EMPIRE À PARIS. — DERNIERS ARRANGEMENTS AVEC LE PRINCE NAPOLÉON. — SOUFFRANCES. — OPÉRATION. — MORT DE NAPOLÉON III. — « IL N’A PAS EU DE VEINE. » — « CE SONT DES ÉTRANGERS. » — LA RÉUSSITE ÉTAIT DOUTEUSE.



L’ARMÉE allemande pliait bagage et se retirait du territoire qu’elle devait évacuer au fur et à mesure que les cinq milliards de l’indemnité de guerre lui seraient payés. L’Empereur se préparait à partir, mais il en était fort empêché par ce diable de lumbago qui ne le lâchait pas. Son intention était, avant de prendre définitivement route pour l’Allemagne, d’aller à Rouen passer en revue les corps de troupes qui occupaient la Normandie. Il ne lui plaisait pas de se promener en voiture devant le front de bandière ; il avait l’habitude de ne se montrer qu’à cheval à ses soldats, et le rhumatisme, qui lui bouclait les reins, lui faisait sentir qu’il ne pourrait ni se mettre, ni rester en selle. Il voulut cependant s’y exercer, et sa tentative ne fut pas heureuse. C’est au livre déjà cité de Schneider que j’emprunterai l’anecdote.

Ce Schneider est un témoin précieux ; il note les incidents les plus insignifiants de la vie de son maître, n’éclaire l’histoire que bien peu, mais fournit quelques données utiles pour apprécier le caractère de Guillaume. C’était peu de chose, en