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l’élément militaire à l’élément civil ; c’est cette bande de fanatiques agitateurs qui, s’il y a une justice au monde, doivent rester à jamais honnis devant la conscience nationale, pour avoir cherché le triomphe de leurs convoitises, de leurs vanités, de leurs intérêts, même de leurs idées, s’ils en ont, lorsque la France, notre mère à tous, était dans le deuil, en proie à l’invasion étrangère[1]. »

Ce n’est pas tout ; on profita de cette heure funèbre pour tenter d’imposer au pays une sorte de démembrement moral. Une partie du territoire occupé par l’ennemi, Paris cerné et bientôt affamé, nos armées ne pouvant plus lutter que par point d’honneur, quelle bonne fortune pour ceux qui n’ont ni cœur ni patrie ! Une ligue se forma pour installer un gouvernement dans le gouvernement, pour créer une France dans la France ; le mot d’ordre, lancé de Lyon et de Marseille, fut entendu, et j’ai honte de dire que treize départements y répondirent. Le Rhône, l’Isère, la Loire, le Vaucluse, la Drôme, le Var, l’Ardèche, l’Hérault, les Basses-Alpes, les Alpes-Maritimes, la Haute-Loire, le Gard, les Bouches-du-Rhône et même l’Algérie se syndiquèrent, nommèrent des délégués, voulurent élire une Convention qui se serait réunie à Lyon, émirent la prétention de lever des armées et de choisir un dictateur, à la fois civil et militaire, chargé de sauver la République, compromise par les trahisons ! De ces élucubrations criminelles devait résulter la Ligue du Midi, qui eût brisé l’unité française.

Un fonctionnaire qui l’a vue de près et qui ne lui a pas toujours été défavorable, Challemel-Lacour, préfet à Lyon à cette époque, a dit : « La Ligue du Midi est donc, selon moi, le fait d’un certain nombre d’hommes voulant constituer une France méridionale, afin d’établir dans le Midi une forteresse du socialisme. » Au milieu de la guerre étrangère qui la ravageait et des discordes intestines qui la paralysaient, en la poussant sur des routes opposées, c’est miracle que la France n’ait point péri ; en ces circonstances où toute autre nation eût trouvé la mort, elle a fait preuve d’une vitalité qui permet de ne pas douter de son avenir.

Pendant que les socialistes, les communistes, les anarchistes, les possibilistes, les internationalistes, les Héber-

  1. Charles de Mazade, La Guerre de France, Paris, 1872, in-8o, p. 398.