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CHAPITRE IV

LES DERNIERS COMBATS



GAMBETTA ET LA CAPITULATION DE METZ. — LA MISSION RÉGNIER. — LE JACOBINISME. — LE DUEL AU COUTEAU. — LA VICTOIRE DE COULMIERS. — INTERVENTION AMICALE DE L’EMPEREUR ALEXANDRE. — TROIS GOUVERNEMENTS. — LES PROCONSULS. — LA TOURBE DES DÉMAGOGUES. — LA LIGUE DU MIDI. — ON COMBAT PARTOUT. — INFÉRIORITÉ DES FORCES FRANÇAISES. — CHAMPIGNY. — LES PLANS CONTRADICTOIRES. — INVITE À NÉGOCIER. — POURQUOI TROCHU FEINT DE NE PAS COMPRENDRE. — ANNIVERSAIRE DU 2 JANVIER. — ÉTAT DE PARIS. — LE ROI DE PRUSSE PROCLAMÉ EMPEREUR D’ALLEMAGNE. — LE DROIT ET LA FORCE. — LA CONFÉRENCE DE LONDRES. — LE BOMBARDEMENT. — POURQUOI ON LIVRE LE COMBAT DE BUZENVAL. — ÉMEUTE À PARIS. — DÉMISSION DE TROCHU. — JULES FAVRE À VERSAILLES. — ON OUBLIE VOLONTAIREMENT L’ARMÉE DE BOURBAKI. — L’ARMISTICE EST SIGNÉ LE 28 JANVIER 1871.



SI l’armistice n’a pas été conclu et si la paix ne s’en est pas suivie au 31 octobre, il faut en accuser le parti révolutionnaire de Paris et la proclamation furibonde de Gambetta. Celui-ci comprit sa faute, lança une seconde proclamation pour atténuer l’effet de la première, mais le mal était fait et fut irréparable. Ceux qui l’approchaient alors, et j’en ai connu plus d’un, qui l’ont écouté, pendant qu’il fumait des cigares « exquis » en buvant de la bière, savaient que la capitulation de Metz était loin de l’avoir désolé. Il n’est pas le seul qui se soit senti soulagé par ce désastre ; à Paris, on s’en est mystérieusement félicité entre complices. Bazaine passait pour profond, parce qu’il était indécis, et l’on croyait souvent qu’il cachait ses projets, parce qu’il n’en avait pas. Que comptait-il faire ? Pour qui tenait-il ? Pour l’Empire, pour la République, pour lui-même ? Comme nul ne s’en doutait, les suppositions allaient leur train et on lui prêtait les intentions les plus machiavéliques.

Dans son armée, il avait la garde impériale, qui était