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CHAPITRE IV

LA RÉVOLUTION DE FÉVRIER



SCANDALES. — CAMPAGNE RÉFORMISTE. — DÉFAILLANCE DU POUVOIR. — LE COUP DE FEU SUR LE BOULEVARD DES CAPUCINES. — RÉUNION CHEZ ODILON BARROT. — D’OÙ VIENT LA LÉGENDE DU COUP DE PISTOLET DE LAGRANGE. — LE MINISTÈRE DE LA JUSTICE MENACÉ. — LE SERGENT-MAJOR GIACOMONI. — LE COUP DE FEU. — SAUVE QUI PEUT. — PROMENADE DES CADAVRES. — RÉCIT DE GIACOMONI. — L’ACTION DES BONAPARTISTES. — LE SOIR DU 24 FÉVRIER. — UN VAINQUEUR. — FIALIN ET LE PRINCE NAPOLÉON. — MADAME GORDON. — « ARROSEZ LE PEUPLIER. » — LE PRINCE NAPOLÉON COMBATTANT AU 24 FÉVRIER. — LA FUITE DU ROI ET DE LA FAMILLE ROYALE. — RÉPUBLICAINS ET SOCIALISTES. — ENCORE LE MAPAH. — LES ARBRES DE LA LIBERTÉ. — LE CLUB DES FEMMES. — L’INSURRECTION DE JUIN. — LE GÉNÉRAL CAVAIGNAC. — LE SCRUTIN DU 10 DÉCEMBRE 1848. — ENTREVUE DU PRINCE NAPOLÉON ET DU PRÉFET DE POLICE. — PROJET DE COUP D’ÉTAT. — REFUS DE CAVAIGNAC. — ÉLECTION. — DIVISION DES PARTIS. — IMPUISSANCE PARLEMENTAIRE. — LE PRÉSIDENT SEUL CONTRE TOUS. — LE PRINCE SILENCIEUX.



LE meurtre de la duchesse de Praslin fut une cause de grave émoi pour le gouvernement de Louis-Philippe ; on était à peine remis du procès scandaleux qui avait démontré qu’un banquier comme Pélaprat, qu’un général de division, Despans-Cubières, qu’un ancien ministre, Teste, s’étaient rendus coupables de concussion ; bientôt un officier d’ordonnance du duc de Nemours allait être surpris trichant au jeu. La société française semblait entrer en dissolution, et les gens qui avaient l’oreille fine prétendaient entendre le craquement du trône. Quoique les dernières élections (1846) eussent donné la majorité à ce que l’on appelait alors le « système », l’opposition avait déployé une énergie extrême pour mettre le pouvoir en échec.

À Paris, dans je ne sais plus quelle circonscription, trois électeurs républicains allèrent chercher un de leurs amis