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la sienne. Si Morny eût vécu, aurait-il consolidé l’Empire, qui avait ramassé tant de causes de mort dans son propre berceau ? Je l’ignore, mais je crois qu’il en eût prolongé l’existence, car jamais il n’eût permis la folie de 1870. Lorsque la poussée libérale des élections de 1869 eut démontré à l’Empereur qu’il fallait changer de système, Morny dormait, depuis quatre ans, son dernier sommeil ; à côté d’Ollivier, il n’y avait plus de guide pour lui montrer la route ; c’est lui, lui seul, qui devait conduire la France sur les nouveaux chemins ; aveuglé par son infatuation, il ne voyait pas où il mettait les pieds ; il se jeta au précipice et nous avec lui.