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CHAPITRE PREMIER

LE DEUX DÉCEMBRE



PROJETS DE COUP D’ÉTAT. — LE GÉNÉRAL CHANGARNIER. — SES ILLUSIONS. — « LES BURGRAVES ». — LE GÉNÉRAL ET LE PRÉFET DE POLICE. — M. GÉNIE. — ENTREVUE AVEC LE PRÉSIDENT. — MISSION SECRÈTE. — M. GUIZOT ET LE DUC DE BROGLIE. — AMBITION ET PRÉCAUTIONS. — MODIFICATION DU PLAN PRIMITIF. — LE COMMANDANT FLEURY. — CONVERSATION AVEC LE PRÉSIDENT. — LE COMMANDANT FLEURY S’ABOUCHE AVEC LE GÉNÉRAL DE SAINT-ARNAUD. — CONFIRMATION INDIRECTE DES FAITS RACONTÉS. — LES DÉPUTÉS CHASSÉS DU CORPS LÉGISLATIF. — RÉUNIS À LA MAIRIE DU Xe ARRONDISSEMENT. — HÉSITATION DES GÉNÉRAUX. — IMPRESSION DE LA POPULATION. — BAUDIN. — PROJETS ORLÉANISTES. — L’OPINION DE LORD PALMERSTON. — LE PRINCE DE JOINVILLE ET LE DUC D’AUMALE. — COMPLOT AVORTÉ. — CONFISCATION DES BIENS DE LA FAMILLE D’ORLÉANS. — LÉOPOLD LEHON. — MYSTIFICATION. — EXPULSIONS. — JULES FAVRE. — MARCHÉ DE DUPE. — MADIER DE MONTJAU. — MORNY ET LE PASSEPORT. — UN PRÉFET AHURI.



LE coup d’État du 2 décembre n’eut rien d’inopiné ; depuis l’élection du 10 décembre 1848, qui fit du prince Louis-Napoléon le président de la République, tous les hommes politiques y pensaient. Les uns l’attendaient avec impatience, les autres le redoutaient. Un de ceux qui eurent le plus à en souffrir y poussait, en 1849. Je parle du général Changarnier, et je n’en puis douter. Le 13 juin 1849, le second bataillon de la première légion de la garde nationale, auquel j’appartenais, était cantonné dans le jardin des Tuileries, en réserve, prêt à se porter où il serait nécessaire, pour mettre un peu d’ordre dans la manifestation que Ledru-Rollin, accompagné de quelques autres niais de même farine, avait suscitée, à propos de la marche des troupes françaises sur Rome, occupée par Mazzini et défendue par Garibaldi. À ce moment Changarnier était général commandant des gardes nationales de la Seine.