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besoin d’être protégée par les petits souverains dont elle était entourée, céda sur plus d’une alliance que ses principes interdisaient ; tous les hommes étant égaux devant Dieu, on ne put refuser aux seigneurs, aux bourgeois, aux artisans, ce que l’on avait bénévolement accordé à des princes ; les dispenses se multiplièrent et les prescriptions du concile de Latran ne furent plus réservées que par les formalités dont on en entourait l’abandon.

Est-ce la société civile, est-ce l’Église qui a eu le plus de perspicacité en ceci ? Grave question qui partage les esprits sérieux, que la science a effleurée plusieurs fois, mais qu’elle n’a point définitivement résolue. Selon quelques savants, les mariages consanguins constituent un véritable péril pour la race, qu’ils abâtardissent et détruisent avec certitude. Le produit qui en résulte se distribue entre les sourds-muets, les aveugles-nés, les épileptiques, les idiots, les imbéciles et ces demi-monstres qui offrent des conformations singulières, telles que l’hydrocéphalie ou la polydactylie ; si les malheureux issus de ces mariages échappent aux terribles infirmités dont on les menace, ils sont faibles, étiolés, d’une intelligence douteuse, et arrivent souvent à une incohérence de pensées qui ressemble bien à l’aliénation mentale. Tous ces faits sont vrais, et des observations approfondies les affirment ; mais sont-ils le résultat exclusif des mariages consanguins, ou sont-ils la preuve que les ascendants atteints eux-mêmes aux sources essentielles de la vie, appauvris par une constitution défectueuse, n’ont pu léguer à leurs enfants qu’une des formes multiples de la débilité congénitale ? C’est ce que nul physiologiste n’a pu nous dire. Tant que la science n’aura pas prononcé un verdict positif, il sera bon d’écouter les prescriptions de l’Église, qui sont très-sages, très-prudentes, et que l’expérience générale semble confirmer.