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administration particulière, ne voulant sous aucun prétexte avoir à nous prononcer sur la valeur des exploitations privées qui, tout en servant l’intérêt général, n’ont été établies qu’en vue d’intérêts personnels. C’est l’historique des administrations abstraites, pour ainsi dire, que nous avons cherché à tracer, de celles qui, agissant en vue d’un but supérieur, ont pour mission de subvenir aux besoins moraux, intellectuels et physiques de deux millions d’hommes.

On a pu voir que Paris ne manque pas à sa tâche, que chaque jour il s’efforce d’améliorer, sous toutes les formes, les conditions qui assurent l’existence de son peuple. Une telle œuvre, si compliquée, si multiple, si énorme, dont les exigences s’accentuent et se renouvellent sans cesse, nécessite de lourdes dépenses et implique des ressources inépuisables. Paris a-t-il donc une fortune qui lui permet de rémunérer les agents qu’il emploie et de donner l’impulsion à tous ses engrenages administratifs ? Non, Paris est pauvre, et il mourrait de faim s’il ne s’assurait l’argent qui lui est indispensable, en le demandant au peuple même qu’il a charge de surveiller et de secourir. Ce qu’il lui prend d’une main il le lui rend de l’autre ; les centimes qu’il reçoit de l’homme individuel deviennent les millions dont profite l’homme collectif ; c’est peut-être parce qu’il entre beaucoup de bétail aux abattoirs que nous avons un excellent système hospitalier.

Les ressources de Paris sont importantes, mais elles ne suffisent qu’aux besoins ordinaires, à ce que les Allemands appelleraient la normalité. Si l’on n’avait eu recours à des emprunts qui s’élèvent maintenant au chiffre de près de 1 800 millions[1], Paris, comme au siècle dernier, serait un cloaque sans eau, sans lu-

  1. La dette municipale résultant des emprunts s’élève exactement aujourd’hui à 1 794 930 796 francs (janvier 1874)