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parmi ceux-ci, combien ont été reconnus et ont pu porter le nom de leur père ? Quatre.

Les deux mois qui produisent le plus de naissances sont mars (5 065), qui correspond aux longs jours d’été, aux sollicitations de la nature, aux longues promenades du dimanche dans les bois voisins de Paris, et juillet (5 259), qui, se rapportant à novembre, rappelle qu’à ce moment tous les gens qui ont passé l’été à la campagne, maîtres et domestiques, rentrent ordinairement à la ville. Le Xe et le XIe arrondissement sont les plus féconds, et fournissent l’un 5 694, l’autre 5 596 naissances ; le plus stérile est le XVIe, qui n’en compte que 984.

La natalité urbaine est bien peu élevée, comme on vient de le voir, mais elle tombe au-dessous de toute moyenne lorsque des causes extérieures lui font obstacle et troublent la vie organique de Paris. En 1871, les naissances ont diminué dans des proportions doublement douloureuses, car pendant que la mort frappait sur la cité, les lois de l’existence y semblaient suspendues : 37 410 pour l’année tout entière. Là l’influence des événements se dénonce par des chiffres et se passe de tout commentaire. Le mois de mai 1870 trouve le pays calme et en prospérité : janvier 1871 nous apporte 5 378 nouveau-nés ; au mois de juillet, un vent de folie passe sur toutes les têtes ; à propos d’un incident grave, mais dont les conséquences pouvaient être conjurées, on saisit la passion publique avant même d’essayer des ressources multiples de la diplomatie. La guerre éclate, les esprits s’inquiètent, tous les cœurs sont écrasés par l’angoisse d’une telle aventure : mars 1871 ne nous donne déjà plus qu’un contingent de 3 606 naissances. Nos premières rencontres avec l’Allemagne ne laissent aucun doute sur le sort misérable qui nous attend, c’est l’invasion qui