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serve telle dans les naissances qu’il y a péril en la demeure.

Les théories néfastes de Malthus sont devenues une sorte de doctrine secrète qui a pour adhérents tous ceux qui redoutent l’avenir et veulent laisser à leur enfant une propriété non morcelée ; d’autre part, la population doit être en rapport avec l’étendue et surtout avec la fécondité du sol qu’elle habite ; défrichez, et vous peuplerez ; il n’y a que trop de landes, que trop de marécages en France ; les groupes qui en sont voisins augmenteraient au lieu de diminuer le jour où l’on y mettrait sérieusement la main. Vauban a dit : « C’est par le nombre de leurs sujets que la grandeur des rois se mesure ; » soit, c’est par le nombre des habitants que les nations affirment leur richesse et leur puissance. En matière de population, on ne peut rester stationnaire : il faut s’accroître ou périr.

Les calculs établis par le docteur Ély[1], d’après les tables de recensement de la période 1863-1869, prouvent que la natalité moyenne à Paris a été de 59 293 enfants par année, y compris 4 408 mort-nés, ce qui donne le chiffre minimum de 324 naissances par 10 000 habitants. Les bulletins statistiques de 1872 accusent une nouvelle diminution : le total des naissances a été de 56 894, ce qui réduit la proportion à 316 pour 10 000. — 41 478 enfants légitimes et 15 416 enfants naturels ont été inscrits sur les registres de l’état civil. Un détail prouvera que l’inconduite et la misère l’engendrent mutuellement ; 5 805 naissances ont été constatées hors du domicile, c’est-à-dire dans les prisons, les hôpitaux et les hospices ; 1 172 de ces pauvres petits, nés sur les grabats hospitaliers ou pénitentiaires, étaient issus d’unions régulières, 4 633 étaient le fruit de la débauche ;

  1. Paris, étude démographique et médicale, 1872.