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dire. Il y a là une sorte de méfiance de la part des dissidents, qui du reste a toujours été constatée lors des recensements généraux de la population ; elle s’explique naturellement et ne doit point surprendre dans un pays où les juifs ont subi les persécutions que l’on sait, et où l’édit de Nantes a été suivi des dragonnades : les protestants et les Israélites semblent toujours craindre de se dénoncer eux-mêmes. L’œuvre des bureaux de l’archevêché, malgré les difficultés qui ne lui ont pas toujours été épargnées, n’a point été stérile ; au 1er  janvier 1874, sur 46 495 actes demandés par 50 608 personnes, 41 945 ont été expédiés, et 4 520 n’ont pu être retrouvés sur les registres curiaux.

Jamais on n’avait réduit des employés à travailler dans des conditions extérieures aussi déplorables : la préfecture de la Seine s’est ingéniée à rendre habitable le local qu’on lui livrait, et malgré les dépenses qu’elle a faites, elle n’y est guère parvenue. Le public, s’il est nombreux, peut attendre en plein air, dans une cour pavée ; les employés expéditionnaires sont dans une vieille remise, où l’on a tant bien que mal agencé un plancher en bois pour leur éviter le contact glacial des pierres ou de la terre nue ; le bureau du chef de service a une fenêtre en guise de porte : grâce à un double escabeau, on peut y pénétrer ; à peine trouve-t-on la place nécessaire pour ranger les volumes ; l’espace laissé aux employés est plus qu’insuffisant. Puisque le pouvoir ecclésiastique ne consentait pas à se dessaisir momentanément de ses registres, au profit de la ville qui les lui aurait fidèlement rendus, pourquoi n’a-t-il pas offert aux reconstituteurs des actes de l’état civil quelque salon inutilisé, quelque salle de billard inoccupée ? Le travail eût été plus facilement fait et le public n’aurait pas eu à formuler des plaintes légitimes. Ne pouvait-on déléguer un prêtre à la surveillance de ces volumes et