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de biens, de garder les cadavres des ecclésiastiques[1]. Elle visait d’autres points : elle exige (art. 51) que l’on constate l’heure et le jour de la nativité ; elle recommande de faire contre-signer les registres par un notaire, et enfin, très-prévoyante et devançant l’avenir, elle veut (art. 54) que les registres soient déposés tous les ans dans les greffes des bailliages et des sénéchaussées. Par les extraits d’actes postérieurs à l’ordonnance que nous avons citée, on peut voir que le clergé ne fit pas grand cas des prescriptions royales[2].

Ce ne fut point une petite affaire d’amener les ecclésiastiques à donner aux registres curiaux une tenue à peu près régulière ; par paresse, par insouciance, par ignorance des suites qu’un acte incomplet pouvait entraîner, ils ne se préoccupaient guère de la rédaction des pièces indispensables : ils regardaient sans doute ce travail comme superflu ou comme indigne d’eux ; ils en laissaient le soin à des prêtres inférieurs, parfois même à des bedeaux illettrés, et ils échappaient ainsi à la lettre et à l’esprit de l’ordonnance de Villers-Cotterets. En vain différents édits de 1579, de 1595, de 1629, de 1667, les rappelèrent à l’accomplissement du devoir imposé ; ils n’en tinrent compte, et les choses restèrent en cet état, plus que défectueux, jusqu’à la déclaration royale du 7 avril 1736, qui fut enregistrée le 13 juillet au parlement, et que d’Aguesseau avait rédigée.

  1. Voyez, pour les origines de l’état civil, Berriat-Saint-Prix, Recherches sur la législation et la tenue des actes de l’étal civil ; Mémoires des antiquaires de France, 1832, t. IX ; — Notice historique sur les anciens registres de l’état civil à Paris, A. Taillandier, 1847 ; — Recherches sur les actes de l’état civil au quatorzième et au quinzième siècle, par Darold de Fontenay, Bibliothèque de l’École des chartes, 1869.
  2. Antérieurement à l’ordonnance de Villers-Cotterets, certains évêques avaient compris l’importance des registres curiaux. J’en trouve la preuve dans les archives du département de l’Yonne ; en 1491, le curé de Videlis (Sens) est condamné à payer une amende de 10 sols pour n’avoir pas tenu registre des mariages faits dans sa paroisse.