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tion, de patience avec eux et s’en rendre maître, c’est pour l’octroi un intérêt de premier ordre.

Un service spécial, le contrôle général, est particulièrement chargé de cette surveillance ; il est composé d’un peloton d’élite, choisi homme à homme parmi les préposés les plus intelligents, les plus actifs et les plus sagaces. Trente-trois employés commandés par un inspecteur pour tenir en respect tous les fraudeurs qui pullulent à Paris, c’est bien peu, et ce n’est pas tout ce qu’ils ont à faire ; ils ont à s’occuper de l’octroi de banlieue, du marché aux bestiaux ; ils ont à regarder du côté des carrières, c’est-à-dire des catacombes qui ont des issues hors de l’enceinte ; ils ont à s’assurer si tout marche à souhait dans les différents postes ; quinze employés sont constamment sur pied pour ces différents services. Il n’en reste donc que dix-huit réservés à la constatation des fraudes : c’est le bataillon sacré.

Il leur importe avant tout de n’être point remarqués ; ils ne revêtent donc jamais d’uniforme et changent souvent de costume ; ils n’ignorent aucun des coins mystérieux de Paris et connaissent tous les détours de la banlieue. Ils sont sceptiques et ne s’en fient guère aux apparences. Lorsqu’ils voient dans une gare de marchandises deux énormes blocs de granit arrivant de Suisse, ils comprennent qu’un Parisien les a fait venir à grands frais pour quelque construction future ; cependant ils tournent autour, remarquent une dépression de forme singulière, y regardent de plus près, y découvrent la tête d’un boulon qu’ils dévissent avec précaution, et s’aperçoivent sans étonnement que ces deux rochers sont creux à l’intérieur et renferment pour plusieurs milliers de francs de contrebande. Il n’y a pas très-longtemps que le fait s’est produit.

Ce service est assez récent et ne date que de 1824, quoiqu’on ait tenté de l’organiser déjà vers 1814 ; il a