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à sévir, elle ne le fait qu’après avoir interrogé les coupables. Tous les jeudis, la commission se réunit sous la présidence du directeur ; les régisseurs sont près de lui, ainsi que le chef du personnel, le secrétaire et les inspecteurs. Les rapports des inspecteurs relatant les infractions au règlement reprochées aux employés et proposant la punition encourue sont réunis entre les mains du président, ainsi que le dossier spécial de chaque incriminé. Les délinquants sont dans une salle voisine, assez penauds et l’oreille basse, car c’est toujours pour eux une rude émotion d’affronter l’interrogatoire et peut-être les reproches du directeur lui-même. Un rapport est lu ; le dossier de celui qui en est l’objet est consulté : que disent les notes sur la moralité, l’instruction, l’esprit de discipline, la santé, le caractère ? On fait entrer le coupable ; il salue tout le monde, tourne son képi entre ses doigts, tousse volontiers, et ne sait sur quelle jambe s’appuyer. J’ai assisté à l’une de ces séances ; sauf une affaire spéciale qui n’était pas un acte d’octroi, les griefs que l’on peut reprocher à ces pauvres diables sont bien minimes ; aussi les punitions ne sont pas graves ; un jour de retenue des appointements, deux jours après récidive ; mais, comme le produit de ces amendes est réservé à la caisse de retraite, c’est toujours l’employé qui finit par en profiter. En résumé, d’une part je n’ai vu que des peccadilles, et de l’autre j’ai reconnu une sérieuse indulgence mêlée à un grand esprit de justice. Les préposés redoutent beaucoup d’être appelés devant la commission : c’est le conseil de guerre, disent-ils ; ils se trompent : c’est le conseil de famille.