Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce personnel est bon ; il est généralement trié avec soin parmi les sous-officiers de l’armée ; aussi, façonné dès longtemps à la discipline, il ne laisse rien à désirer sous ce rapport. Quelques déclassés sont venus échouer à la roulette des barrières et, la sonde à la main, ont recommencé un nouvel apprentissage de la vie. J’ai vu là des étudiants pour qui les examens n’avaient pas été miséricordieux, des clercs d’huissier qui ne trouvaient point de charme au papier timbré. Sous l’uniforme vert, ils n’ont point mauvaise tournure ; et, comme dans l’administration tout grade, toute situation même, est accessible à ceux qui montrent du bon vouloir et font preuve d’intelligence, ils pourront arriver aux premiers postes, si la chance ne leur est pas trop contraire. On a gardé souvenir, parmi les hommes du pavé, d’un préposé de troisième classe qui fit parler de lui jadis. Il était neveu d’un maréchal de France, et, de fredaine en fredaine, il était arrivé à bout de voie ; l’octroi le ramassa, eut pour lui des indulgences de grand-mère, et finit cependant par s’en séparer, car le mauvais exemple devenait contagieux. Il dégustait le vin jusqu’à la lie, et, sous prétexte de mieux compter les œufs frais, il les mettait dans ses poches ; il quittait la roulette pour aller surveiller les fraudeurs dans les bals des barrières, et, afin d’être moins reconnu par eux, il s’habillait en polichinelle quand venait le carnaval. Malgré le très-beau nom qu’il portait, on le pria d’aller jauger ailleurs ; il se le tint pour dit, traversa les mers comme matelot, et entra en qualité de garçon chez un ancien élève de l’École polytechnique qui s’était fait épicier en Californie.

Pendant la guerre, les employés de l’octroi n’ont point failli au devoir ; il n’y a pas eu besoin de contrainte ; les volontaires seuls ont formé le 226e bataillon, qui a fourni trois compagnies de marche ; ils se