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de la faculté d’entrepôt fictif devaient à la ville, furent détruits dans les incendies du mois de mai 1871. Les bureaux administratifs de l’octroi, l’Hôtel de Ville, le ministère des finances ayant été brûlés, nulle trace ne subsistait ; on se trouvait en face du chaos, on sut le débrouiller. Plusieurs grands fabricants dont l’octroi était créancier vinrent eux-mêmes offrir le payement immédiat de leurs dettes ; d’autres, comme l’on dit, se firent un peu tirer l’oreille ; quelques-uns, spéculant sur l’anéantissement de tous les registres de l’administration centrale, osèrent-ils répondre : Je ne vous dois rien, car rien n’est écrit ! je ne me permettrais pas de l’affirmer ; j’ai cependant entendu raconter quelques histoires de cette nature, mais ma mémoire infidèle n’en a point conservé le détail. Il fallait, coûte que coûte, rétablir ces comptes ; une délibération du conseil municipal, des 30 mars et 23 juillet 1872, donna une base positive au travail de reconstitution ; il fut admis que l’on aurait égard aux événements qui avaient si lourdement pesé sur l’industrie parisienne pendant les années 1870 et 1871, et que l’on ne réclamerait aux usiniers que douze mois d’arriéré au lieu de vingt-quatre.

L’octroi se mit à l’œuvre ; c’était une besogne spéciale qui exigeait des connaissances appropriées, on ne put donc pas s’adjoindre d’employés supplémentaires ; de plus les opérations de chaque jour, — ce que l’on nomme le courant, — ne pouvaient pas chômer ; tout le monde s’y consacra avec un zèle admirable ; jour et nuit on fut au devoir, et, je le dis à la louange de l’octroi, nul ne fit défaut à la tâche imposée. Tous les registres — ils sont au nombre de 35 dans chaque roulette — de tous les postes de Paris qui, eux du moins, n’avaient point été détruits, furent dépouillés[1] ; on y

  1. 35 × 310 = 10 850 ; ce chiffre prouve l’énormité du travail accompli.