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déjà fait jour plusieurs fois, et s’est naturellement affirmée par la violence.

Lors de la grande grève des cochers de fiacre en 1865, on ne put tenir compte des exigences des porteurs de fouet et on les remplaça, sur leur siège, par des hommes pris un peu au hasard, mais qui du moins pouvaient continuer tant bien que mal l’exploitation d’une entreprise dont les proportions et les nécessités sont analogues à celles des services publics. Les cochers grévistes ne l’entendirent point ainsi ; les nouveaux venus furent assaillis, assommés, et la justice eut à se montrer sévère pour les coupables. Aux observations des magistrats, ceux-ci ne cessèrent de répondre : « Puisqu’ils ne sont point cochers, pourquoi conduisent-ils nos voitures ? »

Donc tous ces projets informes ont pour but de décapiter la grande industrie au profit de l’État et de régler la constitution des corps de métiers de façon à assurer un bénéfice considérable à tout individu admis au rang d’ouvrier ; mais il est une mesure qui a été longuement étudiée et qui s’adresserait à la généralité des fortunes, si jamais elle était adoptée : l’héritage serait aboli dans les lignes collatérales et le produit en serait versé au Trésor ; dans la ligne directe il acquitterait une taxe équivalant à la quotité disponible ; le droit de tester n’existerait plus. En revanche, l’État devrait distribuer gratuitement l’enseignement à tous les degrés et fournir à chacun l’instrument de travail dont il a besoin : expression vague et d’une élasticité inconcevable, car, si l’instrument de travail d’un vannier est un couteau et un bottillon d’osier, l’instrument de travail d’un fabricant de machines à vapeur peut exiger plusieurs millions.

Tout ce qui précède a de quoi faire hausser les épaules, j’en conviens ; mais il faut en tenir compte cepen-