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jouir, pendant trois ans encore, de l’immunité qui leur avait été concédée. Un procès s’ensuivit qui fut gagné haut la main par l’administration de l’octroi. La ville, ayant fait ainsi juridiquement constater son bon droit, se montra généreuse : une délibération du conseil municipal, en date du 20 décembre 1867, accorda, à titre courtois, aux usiniers une réduction d’environ moitié sur les taxes dont les combustibles étaient frappés. On attendait une loi promise et destinée à mettre fin à un provisoire qui créait une situation irrégulière ; mais des difficultés soulevées par les usiniers eux-mêmes la firent ajourner, et cette question très-délicate, propre à faire naître des discussions fréquentes, fut réglée par un arrêté préfectoral du 3 février 1870.

L’entrée en franchise du combustible et des matières premières était accordée aux usiniers. C’était imposer un surcroît de travail excessif à l’octroi, qui l’accepta sans se plaindre. En effet, il fallait, pour sauvegarder les intérêts financiers de la ville, constater l’entrée de la houille et des matériaux ; constater dans quelle proportion le combustible avait servi à la fabrication d’objets réservés à l’importation dans Paris et à l’exportation en province ; taxer les uns, affranchir les autres, surveiller sans méfiance, reconnaître les matières premières dans les matières modifiées, et apprécier presque scientifiquement le rapport qui existe entre le combustible employé et la quantité de produits obtenue. L’octroi vint à bout de résoudre ces différents problèmes, mais on ne peut imaginer à quel labeur il fut soumis pour tenir avec une régularité irréprochable une telle masse de comptes minutieux, compliqués et nominatifs, dont chacun pouvait donner lieu à une contestation.

Ces comptes qui étaient une fortune, car ils faisaient foi et prouvaient quelle somme les personnes jouissant