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est difficile de comprendre que des hommes de quelque intelligence, sortis de la classe moyenne, aient épousé une pareille idée, cherchant à l’exploiter à leur profit et n’aient pas vu que la réalisation en était impraticable.

Lorsque la bourgeoisie, tout imprégnée des doctrines encyclopédistes, rédigea les fameux cahiers des états généraux et, sous la conduite des nobles qui la guidaient, — Mirabeau, Lafayette et tant d’autres, engagea le combat contre la noblesse, elle visait les privilèges oppressifs ; elle voulait détruire un ensemble de droits hérités, concédés ou achetés, en vertu desquels les rapports d’homme à homme devenaient facilement un outrage perpétuel exercé par l’un et subi par l’autre. La souveraineté diffuse, dispersée sur un nombre très-considérable d’individus, appartenant tous à une classe spéciale, constituait pour le reste de la nation une insupportable infériorité morale : privilèges pour les provinces, pour les villes, pour les hameaux, pour les églises, pour les communautés religieuses, pour les personnes ; négation de la justice par le droit d’asile ; entrave aux transactions commerciales par le droit de péage et le droit de transit ; obstacle à l’émission de la pensée par le privilège des imprimeurs ; obstacle au développement des vertus militaires par le droit réservé aux seuls nobles de parvenir aux grades supérieurs ; suppression de la liberté individuelle par simples lettres de cachet ; — ces privilèges et tous ceux que l’on pourrait énumérer n’avaient rien d’idéal ; ils étaient chose sérieuse et tangible ; ils représentaient une puissance d’autant plus vexatoire qu’elle était répandue en plus de mains. De leur destruction, de la nuit du 4 août, date réellement l’émancipation humaine et l’intronisation d’un monde nouveau.

Chez la bourgeoisie, il n’y a rien de semblable à