Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riodes de maladies qui semblent mortelles ; une crise survient, la rémittence se fait et le fluide vital abonde à flots chez celui que l’on disait perdu pour toujours. Cette résurrection n’est pas rare dans l’histoire et, plus d’une fois nous-mêmes, nous avons secoué une léthargie que l’on croyait définitive. Nous sommes contemporains de miracles pareils ; où en était l’Italie en 1849, après Novare ? Il ne lui a pas fallu trente ans pour se ressaisir, rapprocher ses tronçons morcelés, se reconstituer et sortir entière d’un tombeau fermé depuis des siècles. Certes, entre ce qu’elle était et ce que nous sommes, il y a un abîme qui ne sera pas comblé. L’espérance n’a jamais abandonné nos cœurs ; au-dessus de cet affaissement de surface qui nous trouble, on peut voir subsister le vieux caractère gaulois, l’insouciance qui permet de supporter vaillamment les malheurs, la vitalité indomptable qui aide à les réparer et la confiance en l’avenir qui est une force lorsqu’elle ne s’exagère pas jusqu’à l’illusion.

Dans les destinées futures de notre pays, Paris aura sans doute un rôle prépondérant à jouer, car aux causes générales dont il subit nécessairement les effets, il ajoutera les causes particulières qui lui sont inhérentes. Tout est à craindre si cet enfant gâté, si cet enfant terrible, n’oublie pas ses rêves décevants et ne saisit pas la réalité des choses pour entrer dans la voie de l’apaisement et du travail, s’il ne s’inspire pas de la grande parole d’Alain Chartier : « Il faut que chacun s’évertue, de son côté, à tirer au collier pour la réintégration du bien public. »

Paris qui, dans ces douloureuses questions, représente la France comme une sorte de congrès où chaque province aurait envoyé des délégués armés de pleins pouvoirs, Paris n’a plus de tradition et cherche en vain un point d’appui. En rompant violemment avec le passé