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de la Défense nationale, dont les onze membres comptent neuf provinciaux et deux Parisiens : MM. Picard et Rochefort.

Le maire de Paris est des Pyrénées-Orientales ; il dit : Paris sera la Saragosse de la République ; et si la Saragosse ne suffit pas, la torche en main, nous ferons, moi à votre tête, de Paris un Moscou ! » Les gens assemblés applaudissent ; c’est là une parole qui ne sera point perdue ; on s’en souviendra quelques mois plus tard. Le chef de Paris, nous ne pouvons l’ignorer, car il l’a répété souvent, était soldat, catholique et Breton ; son diplomate était de Lyon, et l’ambassadeur qu’il envoyait aux nations étrangères est un Provençal issu de Marseille. Pendant que ce gouvernement dominait et qu’au fond des clubs on parlait volontiers de l’anéantissement des armées allemandes, une insurrection fut sur le point de tout emporter ; cinq provinciaux et un aliéné parisien, Gustave Flourens, furent presque souverains à leur tour et s’adjoignirent un Italien qui devait « représenter la République universelle au sein de la Commune de Paris ». On put croire un instant qu’il n’y avait plus d’espérance : la situation était plus que compromise ; elle fut sauvée cependant, grâce à un Parisien madré qui se sauva spirituellement par une porte dérobée et alla chercher quelques troupes sur la fidélité desquelles on avait eu raison de compter.

La fin du drame, on la connaît. On pouvait espérer, après tant de misères, que l’on avait touché le fond du fond et que l’on allait remonter à la surface. Non, nous n’avions pas payé tout ce que le sort exigeait, nous n’avions pas racheté encore nos prospérités des jours heureux, et nous allions voir, comme dit le cardinal de Retz, des scènes auprès desquelles les passées n’ont été que des verdures et des pastourelles. » Après l’investissement, après la famine, après la capitulation, il nous