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sang aux mains ; mais, par le fait, ce fut lui qui décapita la Terreur ; Paris se détendit, la France put respirer et les rapports de police constatent que les jacobins, les terroristes furent matés, montrés au doigt et forcés de se taire. Paris avait lâchement subi cette honteuse période de son histoire ; il avait accepté et distribué dans le pays le système implacable que les provinciaux avaient importé chez lui.

Plus tard, la présence des révolutionnaires — blancs ou rouges — qui pullulent à Paris inquiète le Directoire ; il adresse au Conseil des Cinq-Cents un message pour demander le droit « d’éloigner la foule d’individus qui affluent dans la capitale et dont le plus grand nombre est animé d’intentions suspectes. » Le Conseil des Cinq-Cents répond par la loi du 27 ventôse an IV, qui accorde à la police le pouvoir discrétionnaire de refuser le séjour à Paris à ceux qui n’y sont pas nés.

Le premier Empire tombe deux fois, non pas sous l’impulsion de l’émeute victorieuse, mais devant l’invasion : en 1814, on nomme, pour faire face aux premières difficultés, un gouvernement provisoire ; sur les cinq membres qui le composent, deux seulement sont Parisiens, Talleyrand et Jaucourt ; en 1815, Waterloo amène une seconde abdication, et les cinq personnages qui reçoivent le dépôt momentané des pouvoirs publics sont tous étrangers à Paris.

La Restauration s’établit ; malgré une vive opposition, elle fonctionne ; la prise d’Alger lui fait croire qu’elle peut tout oser contre un peuple sensible aux victoires : elle lance ses fameuses ordonnances d’où sort la révolution de Juillet ; la vieille dynastie qui, en quinze ans, n’a pu parvenir à conclure une alliance sérieuse avec la nation, reprend sans faiblesse la route de l’exil, entourée de sa maison militaire et dans un appareil souverain. Bien vite, sous le titre de Commission