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le 9 thermidor, 223 individus s’y succéderont pour remplir les vides causés par les extinctions, par les démissions et par la guillotine. Dans ce nombre on compte 12 Parisiens ; on n’a pas seulement fait appel aux provinces de France, l’étranger fournit un contingent qui n’est pas sans importance : 34 administrateurs de Paris viennent de Suisse, de Prusse, d’Italie, de Suède, de Danemark et d’Amérique.

On a dit que la révolution de thermidor fut la revanche de la province sur Paris, de la province, qui avait été vaincue par la défaite de la Gironde. Le fait est vrai, en ce sens que le mouvement terroriste partit des comités siégeant à Paris et qu’on le répandit dans la France entière par les représentants en mission et à l’aide des tribunaux révolutionnaires ambulants. Mais c’étaient les provinciaux qui donnaient l’impulsion. Cette religion de sang et de meurtre avait ses apôtres : on la prêchait à la Commune, dans les clubs, à la Convention ; on la mettait en œuvre au Comité de salut public ; la Commune agissait sur les clubs, le Comité agissait sur la Convention. Or la Commune était dirigée par Hébert, né à Alençon, et par Chaumette, né à Nevers ; les membres du Comité de salut public qui organisent « les fournées », on les connaît : c’est Robespierre l’Artésien, Saint-Just le Nivernais, Couthon l’Auvergnat, Le Bas du Pas-de-Calais ; le porte-voix de ces furieux, c’est Fouquier-Tinville, sorti du département de l’Aisne ; le porte-glaive, c’est l’ivrogne Henriot, venu de Nanterre.

Dans la fameuse séance de thermidor, au moment où tout semble en suspens, à cette minute d’indécision compromettante, qui donc « déchire le voile et ramène la discussion » que le niais Vadier égarait ? C’est un Parisien, Tallien. Certes celui-là était loin d’être irréprochable, et sa mission à Bordeaux lui avait laissé du