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L’espèce d’influence exceptionnelle qu’elle exerce n’est que la justice rendue à ses efforts.

Si l’on compte ce que Paris a produit depuis 1800, on peut, sans pécher par excès, être surpris qu’une seule ville ait suffi à des créations si variées et aussi incessantes. Le monde a lu ses poëtes, ses romanciers, ses historiens ; les écoles socialistes modernes, quel que soit le résultat de leurs doctrines, l’ont pris pour tribune de leurs prédications ; les savants étrangers ont écouté la parole de ses professeurs de médecine, de droit, de littérature, de philosophie ; Humboldt écrivait : C’est ici seulement que je me sens vivre ; » son école de peinture n’a encore été égalée par nulle autre, et si les grands maîtres en sont morts, ils ont du moins laissé des œuvres qui servent de modèles aux peintres de tous pays ; la science n’est pas restée muette, et la chimie que fonda Lavoisier, un Parisien, doit ses progrès les plus éclatants, ses découvertes théoriques les plus fécondes, à des hommes qui ont illustré le nobiliaire de Paris ; l’industrie continue à faire des merveilles, et les ouvriers juchés au cinquième étage des maisons entassées dans les quartiers populeux sont passés maîtres en l’art de toutes les élégances.

C’est de Paris, du Paris d’aujourd’hui, qu’est parti ce grand mouvement de la salubrité urbaine que les autres peuples viennent étudier, afin de s’en appliquer le bénéfice. Les travaux de M. Belgrand pour la canalisation souterraine de la ville, pour y amener les eaux potables et en expulser les eaux souillées, suffiraient à illustrer une époque et une nation. Jamais la science appliquée aux soins de la santé publique ne s’est élevée aussi haut. Dix mille hommes d’élite, ingénieurs, savants, lettrés, philosophes, linguistes, artistes, archéologues, industriels, inventeurs, contre-maîtres, groupés dans le même centre, associant à leurs travaux quelques