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fois, il n’y a pas à s’y tromper, c’est bien de l’Empire qu’il s’agit ; nullement, c’est du gouvernement de Juillet.

Plus on ira, plus les civilisations se développeront, plus les reproches de ce genre pourront se produire et auront pour eux une apparence de sincérité. La découverte des métaux précieux, qui deviennent très-abondants, donne au monde une richesse excessive ; la richesse fait naître les besoins, et dès que les besoins ont commencé à poindre, on s’évertue à les satisfaire. Exiger d’un peuple riche qu’il vive d’abnégation et de pauvreté, c’est demander à l’être humain plus que sa nature ne comporte ; on peut, sans murmurer, se nourrir de pain d’avoine et de viande de cheval lorsque l’on y est contraint par la nécessité, mais il est normal de manger du pain de froment et du filet de bœuf lorsque l’on peut en acheter. On était fort vertueux à Sparte, dit-on ; mais le vol y était en honneur : ce qui prouve une misère peu commune ou une inconcevable paresse.

Cette richesse, ce luxe que les moralistes sévères pour autrui incriminent avec violence, n’ont pas été sans influence sur l’adoucissement des mœurs et ont déterminé, au seul point de vue de l’hygiène publique, une prolongation notable dans la moyenne de la vie humaine. Au lieu de cloaques où les familles pourrissaient jadis dans des masures sans soleil et sans air, Paris possède aujourd’hui de larges rues, bordées de maisons saines où l’eau, la lumière et l’oxygène, c’est-à-dire la santé, sont répandus à flots ; cette richesse ne donne pas que des plaisirs immoraux ; elle a décuplé la force de production des ouvriers en leur permettant de remplacer le pain noir et le fromage blanc d’autrefois par une nourriture très-substantielle et réparatrice ; la consommation de la viande, cet indice irrécusable du bien-être général, augmente tous les ans ; les registres de