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offre des points de similitude remarquables, qui naturellement ont engendré des accusations semblables que l’on dirait calquées les unes sur les autres. A-t-on assez parlé de l’immoralité du second Empire, du développement des intérêts matériels, du luxe, de la spéculation ? On n’avait qu’à copier dans les Mémoires tout ce qui a été dit sur le dix-septième et le dix-huitième siècle ; on n’avait qu’à répéter les sermons prononcés par les prêtres, depuis que la chaire catholique est ouverte au monde, pour trouver des phrases stéréotypées et dont l’application était indiquée. Mais sans remonter si loin, il était facile de se fournir de cette littérature banale. « C’est qu’en effet l’absence de croyances religieuses, les longues prospérités de la paix, le culte de l’argent, ont livré la classe intelligente et raisonnante de notre pays à l’homme ou à la chose qui lui assure la sécurité des intérêts matériels et la possession du moment. » Cette phrase est extraite d’une lettre du général Trochu, lettre rendue publique ; elle n’est pas datée de 1870, comme on pourrait le supposer, mais de 1851. Des écrivains sérieux ne parlent pas autrement. « L’activité industrielle et commerciale de cette époque, la surexcitation qu’elle donne à tous les appétits matériels amenèrent une concurrence effrénée, le plus hideux agiotage, un amour des écus plus impudent, plus effronté qu’au temps de la Régence et du Directoire. Acquérir sans travail, sans instruction, par les voies les plus courtes, inventer les moyens d’exploiter la crédulité, chercher des dupes, enfin faire des affaires, devient la pensée et l’occupation unique de la partie la plus influente de la population, d’une société brillante et corrompue, sans croyance comme sans entrailles, qui ne connaît que les plaisirs matériels et les jouissances du luxe[1]. » Cette

  1. Th. Lavallée, Histoire de Paris, t. I, p. 312.