Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

certaine somme, 50 francs par exemple, il sera obligé d’aller les reprendre à la barrière du Trône, où il les a déposés. Ce genre d’opérations est très-fréquent, et entre pour près d’un tiers dans le total des actes de l’octroi.

Malgré la rigidité des prescriptions fiscales, il y a une tolérance qui est fort utile aux pauvres gens et ne fait pas grand mal à nos finances. Il est d’usage qu’on permette aux particuliers d’entrer en franchise quelques denrées qui peuvent être considérées comme objets de consommation personnelle, à la condition toutefois que ce soit dans des proportions très-restreintes ; l’alcool seul ne profite point de ce bénéfice. On ne tient pas note de ces entrées tolérées ; cependant on a voulu se rendre compte du préjudice qu’elles pouvaient porter à la ville, et un jour on en a fait le relevé. Le 19 mai 1873, on a constaté aux barrières et aux gares de Paris que l’on avait introduit 10 hectolitres 94 de vin, 14 litres de vinaigre, 13 litres 1/2 de bière, 41 litres 1/2 d’huile, 74 kilogrammes 1/2 de viande, 24 kilogrammes 1/2 de beurre, 112 kilogrammes 1/2 d’œufs, 10 stères de cotrets, 15 hectolitres 45 de charbon de bois, et 162 kilogrammes de houille. En admettant que ce soit là une introduction normale, et qu’elle se reproduise tous les jours, au bout de l’année elle coûterait à la caisse municipale la somme de 100 457 francs. Ce sont les miettes de la table, et la bonne ville de Paris fait bien de les laisser ramasser.

Les préposés du service actif n’ont pas seulement à garder tous les points par où l’on peut pénétrer dans Paris, ils ont aussi à surveiller l’enceinte des fortifications. Dès que la nuit tombe, on place des vigies à certains endroits déterminés, et l’on envoie des sentinelles ambulantes, qui parcourent la route militaire, montent sur les talus et tâchent d’empêcher toute fraude de se commettre. Pour ces expéditions nocturnes, les hommes