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ni caractère. — Orgueilleux. — Ce que les étrangers pensent de Paris. — Sa grandeur dans l’histoire.


Pour les peuples inconsistants et mobiles, la religion devient facilement une affaire d’habitude : aussi n’a-t-elle à Paris qu’une influence insignifiante sur les mœurs ; elle en modifie peut-être légèrement la forme extérieure, mais elle ne touche guère au fond, qu’elle laisse intact. Elle est impuissante lorsqu’elle s’attaque aux coutumes, ou aux engouements de la mode ; depuis qu’elle tonne contre les théâtres et contre la toilette des femmes, elle n’a obtenu ni la fermeture d’une salle de spectacle, ni plus d’étoffe dans les corsages. Paris est à la fois très-vertueux et très-corrompu ; il est au moral comme au physique : la débauche y côtoie la chasteté, de même que la ruelle de la Parcheminerie avoisine le boulevard Saint-Germain.

À tous les degrés de la série sociale que j’ai regardée de prés pendant mon long voyage à travers les institutions de notre ville, j’ai trouvé l’homme identique à lui-même ; la différence des milieux et de l’éducation produit seule une différence dans le mode d’être vicieux ; cette différence-là compte pour beaucoup dans les appréciations superficielles où les préjugés et les idées reçues ont plus de part que le raisonnement, mais le moraliste impartial n’en voit aucune entre le vin de Champagne et le vin d’Argenteuil, entre la fille entretenue millionnaire et la fille à soldat, entre le prince qui fabrique de fausses signatures et le chiffonnier qui vole un couvert d’argent. Les mœurs sont les mêmes, seuls les usages sont différents. Aussi, lorsque les gens du monde et de la bourgeoisie parlent de la nécessité de moraliser le peuple, ou peut leur répondre : Cela est bien dit, mais il faut commencer par vous moraliser vous-mêmes.

Le Parisien a les défauts inhérents au genus homo, et