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nal de Retz aussi ; quelle différence entre eux ! et cependant l’un avait été le précepteur de l’autre.

Le clergé de Paris a fourni plus d’un saint au calendrier ; l’un d’eux, qui est en grande vénération parmi les âmes dévotes, semble n’avoir pas eu très-bonne réputation de son vivant : c’est saint François de Sales. Le maréchal de Villeroi, qui l’avait beaucoup connu, disait : « J’ai été ravi quand j’ai vu M. de Sales un saint ; il aimait à dire des gravelures et trompait au jeu ; le meilleur gentilhomme du monde, au reste, et le plus sot[1] ! » Je ne sais si nos prêtres actuels seront béatifiés plus tard, mais j’en sais qui sont des saints, qui couchent sur une paillasse, parce qu’ils ont vendu leur dernier matelas pour distribuer quelques aumônes, qui ne désespèrent jamais et s’acharnent à sauver des âmes que le mal leur dispute. L’un d’eux, celui qui remplit le plus douloureux ministère que la charité chrétienne puisse accepter, arrêté et jeté dans une cellule de Mazas pendant la Commune, disait : « Enfin ! je vais donc avoir le temps de repasser ma théologie ! » Celui-là n’a pas été massacré, de sorte que les condamnés à mort peuvent entendre des paroles de consolation jusqu’au pied même de l’échafaud.

Le clergé de Paris est, en général, fort bon ; peut-être en fouillant quelques anecdotes plaisantes serait-il facile de prouver qu’il à ses heures d’humanité ; mais il est fervent, attaché à ses devoirs et ne ressemble en rien à ces abbés galants qui couraient les ruelles du dix-huitième siècle, faisaient des bouquets à Chloris, oubliaient leurs soutanes dans les boudoirs et dont Voisenon fut le type spirituel[2]. On ne parle guère des

  1. Voir Correspondance complète de Madame, duchesse d’Orléans ; G. Brunet ; t. II, p. 313.
  2. L’abbé de Boismorand mettait son crucifix à la fenêtre par la gelée, quand il avait perdu au jeu, et disait : « Ah ! oui, je t’en enverrai des âmes ! » Journal de Collé, t. I, p. 312.