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aube et ils l’avaient surnommée la messe de la pie. C’était, en effet, une commémoration — qui devait être perpétuelle — de l’histoire de la pie voleuse de Palaiseau et de Guillemette de l’Arche, la pauvre servante qui faillit inscrire son nom sur la liste, déjà si longue, des erreurs judiciaires. Cette voix matinale de l’église rappelant à l’homme que son jugement est faillible, remerciant Dieu d’avoir protégé l’innocence, proclamant les actions de grâces d’une âme qui avait injustement souffert, est de celles dont la signification émue et sérieuse est comprise par tout le monde, et qu’il est douloureux de ne plus entendre ; ne peut-on espérer que la messe quotidienne de la pie sera rétablie à Saint-Eustache ?

Aujourd’hui, les églises sont distribuées d’une façon rationnelle, et chaque groupe de la population a la sienne, sans que l’on soit obligé de faire de trop longues courses pour aller assister au service divin. Le Paris religieux est divisé entre deux archidiaconés : celui de Notre-Dame, auquel se rattachent la Cité, l’île Saint-Louis, les quartiers situés sur la rive droite de la Seine, et qui renferme 49 églises ; celui de Sainte-Geneviève, duquel dépend toute la rive gauche et qui contient 20 églises. Donc, pour la population libre de Paris, 69 églises, sans compter les chapelles des collèges, des pensions, des hospices, des hôpitaux, des prisons et des couvents.

Peu à peu, ceux-ci, que la Révolution avait persécutés et dispersés, sont revenus ; deci et delà, ils ont reconstruit leurs nids, et actuellement ils sont presque aussi nombreux qu’autrefois. 101 communautés religieuses, dont 25 pour les hommes et 76 pour les femmes, occupent à Paris 227 maisons. C’est là le chiffre officiel, mais on doit y ajouter deux congrégations de femmes dont l’esprit un peu janséniste semble se re-