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remontrances qui l’assaillirent. Un soir même qu’il s’en expliquait au cercle de Joséphine, Monge lui dit : « Espérons cependant qu’on n’en viendra pas aux billets de confession. — Il ne faut jurer de rien, » répliqua sèchement Napoléon[1].

Il lui fut facile de reconstruire ; le terrain avait été si bien déblayé qu’il n’y restait plus rien ; quelques années avaient suffi pour mettre à bas l’édifice dressé par l’effort de tant de siècles. Lorsque la constitution civile du clergé, votée le 12 juillet et le 24 août 1790, eut allumé ce conflit violent qui devait s’éteindre par l’anéantissement complet, mais transitoire du culte extérieur, Paris, mieux encore que Saragosse, pouvait être appelé la ville des clochers : 60 églises paroissiales, 20 églises collégiales, 80 chapelles étaient desservies par le clergé séculier ; 3 abbayes d’hommes, 8 abbayes de femmes, 53 couvents d’hommes, 146 couvents de filles, dont 43 s’occupaient d’enseignement, abritaient le clergé régulier. Les églises avaient été distribuées au hasard, dans Paris, sans souci des besoins de la population. Parfois elles étaient très-éloignées les unes des autres ; parfois, au contraire, elles étaient agglomérées jusqu’à se neutraliser mutuellement. Le faubourg Saint-Germain ne comptait que deux paroisses et la Cité en avait vingt et une. C’est le développement de notre histoire urbaine qui avait créé cet état de choses.

La plupart des églises ont été rendues au culte, mais les couvents ont eu des destinées bien diverses. Les clubs de la Révolution les avaient utilisés, mais on a fait l’École pratique de médecine avec les Cordeliers et un marché avec les Jacobins ; le Val-de-Grâce est un hôpital militaire, les Capucins sont devenus l’hôpital du Midi, Port-Royal est l’École de la maternité ; sur

  1. Voir Vingt ans de haute police, témoignages historiques, par Desmarets ; Paris, 1833, p. 75.